L'humanité face à l'effondrement : une lecture de la duologie In the After et In the End de Demitria Lunetta 📔📖📚
- quoideneufphil
- 6 oct.
- 5 min de lecture
(article de ZFR|NatNat57k et de Suki)
La fiction post-apocalyptique offre souvent un miroir déformé mais révélateur de notre monde actuel. La duologie In the After et In the End de Demitria Lunetta s'inscrit parfaitement dans cette lignée en présentant une société anéantie par une menace monstrueuse, mais aussi par ses propres excès scientifiques. Dans ces deux romans, Lunetta explore non seulement les dangers extérieurs représentés par des créatures terrifiantes, mais surtout les failles intérieures de l’humanité — la peur, la cupidité, le contrôle et la déshumanisation. À travers l’histoire poignante d’Amy et de sa sœur adoptive Baby, l’auteure pose la question suivante : que reste-t-il de l’humain quand tout s’écroule ?

Le premier tome, In the After, débute sur une note dramatique : Amy, adolescente ordinaire, perd ses parents lors d’une invasion soudaine de créatures anthropophages. Le silence devient la clé de la survie, les moindres sons attirant ces prédateurs inconnus. Isolée dans une maison protégée par un système de sécurité, Amy survit grâce à son intelligence, son ingéniosité, et une forme d’instinct animal. Elle rencontre bientôt Baby, une fillette muette et mystérieuse qu’elle décide de protéger. Ensemble, elles développent un langage des signes et une relation fusionnelle. Ce premier volet est aussi un roman d’apprentissage, où Amy se transforme d’adolescente vulnérable en survivante aguerrie. Le silence, la peur constante, et l’amour inconditionnel deviennent des piliers de sa résilience dans un monde où le bruit tue et où la confiance est un luxe.
Toutefois, le danger ne vient pas uniquement des monstres. Lorsqu’Amy et Baby sont capturées et emmenées à New Hope, un complexe fortifié peuplé de survivants, le roman prend un tournant dystopique. Ce qui semblait être un havre de paix se révèle être une société autoritaire, obsédée par le contrôle, la hiérarchie et les expérimentations génétiques. Les autorités de New Hope, notamment le docteur Reynolds, cachent des vérités troublantes : les créatures sont le résultat d’un projet scientifique gouvernemental qui a mal tourné. La terreur n’est donc pas seulement extérieure, elle est aussi née des ambitions humaines démesurées. Amy, séparée de Baby, découvre les limites de l’éthique en temps de crise. La science, au lieu de sauver, a engendré la destruction. Ce message fort résonne particulièrement dans un monde contemporain obsédé par le progrès technologique et le contrôle biologique.

Questions-réponses avec Demitria Lunetta
(extrait de l'interview pour le site epic reads)
Décrivez - vous en 140 caractères ou moins.
J'adore les livres, surtout la science-fiction et la fantasy. J'aime aussi le chocolat, les voyages et les gros chiens baveux. Je n'ai aucune capacité de survie, contrairement à mes personnages.
Parlez-nous un peu de vous et de votre parcours en tant qu'écrivain. Qu'est-ce qui vous a donné envie d'écrire ?
J'ai toujours aimé lire ; les livres étaient un moyen de découvrir d'autres contrées, d'acquérir des connaissances et de vivre des aventures extraordinaires. Dès mon plus jeune âge, j'ai su que je voulais créer mes propres histoires et partager mon imagination avec le monde. J'ai étudié l'écriture à l'université et j'ai ensuite eu un emploi qui me laissait beaucoup de temps pour inventer des livres et du temps libre pour écrire. Je suis aujourd'hui écrivain à temps plein et j'en savoure chaque instant.
Pouvez-vous nous parler un peu de In the After ?
Ils entendent des pas silencieux. Ils sont plus rapides que tout ce que vous avez jamais vu. Et ils ne cesseront de vous poursuivre… jusqu'à votre mort. Ces trois phrases glaçantes décrivent le monde horrible dans lequel mon personnage principal, Amy, doit désormais vivre. In the After n'est pas seulement un livre d'horreur ; c'est aussi un livre sur l'adaptation. Il parle d'humanité et de nature humaine. Il parle de survie.
Quels sont les trois mots qui décrivent le mieux Amy ?
Survivant. Intelligent. Déterminé.
Avez-vous rencontré des difficultés lors de l'écriture d'In the After ? Lesquelles et comment les avez-vous surmontées ?
Quand on écrit de la science-fiction, il y a toujours des problèmes logistiques : est-ce que quelque chose fonctionnerait vraiment comme on l'imagine ? À part ça, j'avais quelques personnages de trop. Mon éditrice m'a suggéré de supprimer un triangle amoureux (et j'en suis ravie) et de me débarrasser d'un autre personnage superflu. Cela a resserré le roman et m'a permis de mieux étoffer les personnages que j'ai conservés.
Quel est le meilleur conseil d'écriture que vous ayez jamais reçu ? Quel conseil donneriez-vous aux auteurs en herbe ?
Le meilleur conseil que j'aie jamais reçu, c'est de lire plus que d'écrire, et je le crierais sur tous les toits si je ne passais pas pour un fou. Lisez tout. Lisez ce que vous aimez et ce que vous détestez. Continuez à lire. Cela fera de vous un meilleur écrivain.
(extrait de l'interview pour le site epic reads)

Dans In the End, Amy poursuit sa quête pour sauver Baby, capturée à nouveau par ceux qui souhaitent utiliser son immunité à des fins scientifiques. Ce second tome est encore plus sombre et brutal. L’auteure y introduit Fort Black, une ancienne prison reconvertie en zone de non-droit, dominée par la violence et la loi du plus fort. Amy doit s’y faire une place pour retrouver un contact essentiel : Ken, le frère de son ancienne alliée Kay. C’est dans cet environnement déshumanisé qu’elle rencontre Jacks, un tatoueur énigmatique au cœur tendre, qui devient à la fois un allié et un reflet de ce que l’humanité peut encore offrir malgré la barbarie ambiante. La relation entre Amy et Jacks montre que, même dans les pires conditions, des liens sincères et protecteurs peuvent se tisser.
Au-delà de la survie physique, la duologie s’interroge sur la survie morale. Amy refuse de devenir un pion dans un système qui sacrifie l’individu au nom du bien commun. Elle incarne la révolte éthique contre une société qui a perdu son âme. En refusant d’abandonner Baby, en combattant ceux qui exploitent la peur pour asseoir leur pouvoir, Amy devient le symbole d’une résistance lumineuse dans un monde en ruines. Sa quête n’est pas seulement de retrouver sa sœur adoptive, mais aussi de sauver ce qu’il reste de l’humanité : la compassion, la loyauté, et l’amour inconditionnel.
La force de In the After et In the End réside aussi dans leur subtilité psychologique. Demitria Lunetta ne tombe jamais dans la facilité. Les monstres ne sont pas toujours ceux qu’on croit. Les créatures effrayantes, bien que mortelles, sont en réalité des victimes. Le véritable ennemi est humain : il est bureaucratique, scientifique, froid et logique. Ce renversement narratif pousse le lecteur à réfléchir sur la nature du progrès, sur l’éthique de la recherche scientifique, et sur la manière dont les sociétés répondent aux crises existentielles. En filigrane, Lunetta pose une question centrale : jusqu’où peut-on aller pour survivre, sans se perdre soi-même ?
En définitive, la duologie de Demitria Lunetta offre bien plus qu’un simple récit de survie adolescente. Elle est une fable morale moderne, une critique sociale déguisée en thriller de science-fiction. Grâce à une héroïne forte et attachante, à un univers cohérent et angoissant, et à des thématiques puissantes, In the After et In the End marquent les esprits. Ces romans rappellent que même après la fin du monde, ce qui sauve n’est ni la technologie ni la force brute, mais les liens humains et la volonté de protéger ce qui compte vraiment. Un message essentiel, à méditer en ces temps incertains.
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